« Per Aqua et Ignem » – que de bien vagues débris d’une option sélectionnée jadis à notre insu nous permettent encore de traduire – orne de son slogan le blason de la chétive cité portuaire de Wexford. Nous l’aurions imaginé américain, tapis dans les plus sombres ruines d’un Michigan en détresse, mais Lee Holman n’est qu’irlandais et vit depuis toujours dans ce havre gaélique à l’intrigante devise. C’est donc « à travers l’eau et le feu », que la ville accueille l’étranger, et de la même sorte, qu’elle semble avoir éduqué ses autochtones. Brasiers liquides, ressacs incandescents, flots combustibles… Chez Kawl, son propre label, Lee reconcilie deux éléments a priori incompatibles. Il nous brûle quand il se mouille, et nous abreuve quand il s’enflamme. La fournaise jouxte l’humidité, et la vapeur qui s’en échappe perle en douceur sur les parois de nos tympans. Chaleur du son et fluidité rythmique façonnent l’ambience particulière de ses compositions, sans se morfondre ni même s’ébouillanter. De ce mélange marécageux, assemblage de cendres fumées et de lymphe translucide, nous revenons à nos présupposés : Waes Fjord, en vieux norrois, signifie « bras de mer en terrains boueux ». Detroit techno, c’est bien de cela qu’il s’agit.